La justice des mineurs sait sanctionner lourdement. Elle ne refuse pas la prison. Parfois celle-ci est inévitable. Elle est motivée par la gravité des faits et la personnalité du mineur. Mais de toute évidence, elle n’est pas une solution.

Dans le quartier des mineurs de la prison d’Aix-Luynes, ils sont 66 de 14 à 17 ans pour les 38 places existantes. En prison, les mineurs vivent les mêmes conditions de détentions que leurs aînés : sureffectif, promiscuité, violence verbale. En prison, les mêmes schémas sociaux se répètent. La loi du plus fort régit, comme à l’extérieur, les comportements. En prison, les jeunes disent : « je suis celui qui a brûlé un gymnase… ». C’est sa seule identité. Celui-là deviendra peut-être le chef. Et le chef doit être respecté. Les bagarres sont fréquentes, les coups de gueule permanents. Les règlements de compte existent. La vie s’organise difficilement entre une scolarisation pour les plus jeunes, des formations professionnelles, des ateliers artistiques, un peu de sport.

La prison n’est pas une solution parce qu’elle ne permet pas à l’enfant de se reconstruire. Elle a même l’effet contraire et pervers d’entretenir chez le délinquant son impression de puissance et de domination en faisant du jeune détenu un « caïd », digne de respect. La prison exclut, de par son organisation même, toute possibilité d’éducation et de réinsertion, parce qu’un jeune enfermé n’a aucun choix possible, aucun espace de liberté. La prison est toujours un échec. À sa sortie de prison, un jeune est considéré comme un enfant en danger. Il a encore besoin d’aide pour se réinsérer. Les structures d’accueil, comme les foyers éducatifs, sont encore peu nombreuses ou complètes. Alors le mineur rentre chez lui. La conséquence est immédiate. Le taux de récidive est de 80 %.